"Dessine-moi un bi" : mettre la bisexualité en images

Aujourd’hui, nous allons nous intéresser aux différentes manières dont on peut représenter la bisexualité en images, en voyant de quels symboles disposent les bi pour se faire reconnaître, quels problèmes cela pose d’essayer de visualiser la bisexualité, et de quelles façons on peut surmonter ces problèmes. Bref, c’est une petite réflexion sur les images, qui débouche sur un atelier dessin.

Un symbole bi international

En lisant l’excellent livre de Catherine Deschamps Le miroir bisexuel, je suis tombé, p. 187-189, sur un passage où elle aborde les problèmes des symboles communautaires qui manquent aux bi, ou du moins qui leur manquaient à l’époque de la publication du livre (en 2002, donc il y a dix ans). En voici quelques extraits :

Dans une culture occidentale où la place laissée à l’image gagne du terrain [NdS : je n’en suis pas convaincu mais on va dire que oui], on comprend que le recours au visuel comme raccourci du politique prenne une grande importance dans les « communications » et théâtralisations communautaires. Un collectif sans visuel est tronqué d’une partie de son efficience : ses chances de retenir l’attention des médias se trouvent considérablement limitées, et, de là, ses possibilités de communiquer des messages vers l’extérieur diminuent.

Je saute un passage. Catherine Deschamps parle ensuite de l’exemple des drag queens, qui retiennent toujours l’attention des médias au moment de la Gay Pride, phénomène à double tranchant puisqu’il confère plus de visibilité à la communauté mais peut alimenter les clichés à son sujet. Elle poursuit ensuite :

Or la bisexualité, de même qu’elle ne dispose pas de recours définitionnels verbaux succincts, ne connaît pas non plus d’images symboliques fortes faisant culturellement consensus. A cet endroit, le cas de Bi’cause n’est pas isolé : dans les autres pays occidentaux où le militantisme bisexuel est un tant soit peu structuré, je ne connais pas de figure symbolique systématique. La multiplication des types de logos et des visuels d’approche est un autre signe encore de cette dispersion problématique : alors que les homosexuels et les lesbiennes disposent à un niveau international du triangle rose ou du rainbow flag pour indiquer leurs lieux de convivialité ou de politique, les bisexuels identitaires ne se sont pas encore déterminés sur un symbole commun ayant une portée internationale.

Ce passage appelle à mon avis plusieurs nuances. D’abord sur le drapeau arc-en-ciel, qui, pour autant que j’aie pu m’en rendre compte, est surtout employé comme un symbole global de la communauté LGBTIQQA+++, c’est-à-dire de l’ensemble des minorités d’identité et d’orientation sexuelle (bi, trans, intersexués, queer, en questionnement, asexuels, etc.) et pas seulement des homosexuels. Ensuite sur l’existence d’un symbole international commun des communautés bisexuelles. S’il y a un symbole bisexuel que vous connaissez, que vous avez pu voir sur des articles en rapport avec la bisexualité ou même à une Marche des fiertés, c’est le drapeau de la fierté bisexuelle, qui ressemble à ceci :

Ce drapeau a été créé en 1998 par Michel Page (voyez l’article de Wikipédia sur le sujet). À l’époque de la parution du livre de Deschamps, il semble qu’il n’ait pas été plus répandu que d’autres symboles parmi les bi. Mais je l’ai croisé très vite quand je me suis intéressé à la bisexualité, et j’ai bien l’impression qu’il s’est imposé, ou est en voie de s’imposer, comme ce symbole international qui manquait encore aux bi. Ce qui est plutôt une bonne chose.

Le couple bi introuvable ?

Lisons encore un peu Catherine Deschamps, parce qu’elle parle d’un autre problème plus compliqué à résoudre dans ce domaine :

Mais le recours au manque d’expérience [des militants bi, dont le mouvement est plus récent que les mouvements gay et lesbien] ne peut suffire à comprendre la difficulté à rendre perceptible et médiatique la bisexualité. Une toute autre raison s’oppose à une meilleure visibilisation des bisexuels, à rapprocher des modalités mêmes de la sexualité et de l’affectivité bisexuelles. Alors que pour signifier l’homosexualité, une photo qui montre deux femmes ou deux hommes enlacés fait très bien l’affaire, et alors que pour signifier l’hétérosexualité, une image où une femme et un homme s’embrassent convient, rien ne permet de montrer la bisexualité en un seul visuel sans provoquer un appauvrissement caricatural du contenu. Que l’on montre un homme et deux femmes, et le cliché d’une sexualité entre femmes censée répondre uniquement à un fantasme masculin et dépossédé d’une valeur intrinsèque a matière à se développer ; que l’on photographie une femme et deux hommes dans des postures équivoques, et on pourra dire que la femme est seulement l’alibi social d’un des deux hommes ou des deux. Dans tous les cas, la position égalitaire paraît un leurre : le trio semble toujours provoquer le jugement négatif d’un de ses participants au moins, et signifier au delà de la volonté initiale. À l’inverse, selon le choix des poses, deux personnes de même sexe ensemble ou un homme et une femme peuvent ne rien « donner à voir » de plus qu’un couple homosexuel ou un couple hétérosexuel, et placer à chaque fois les deux membres du duo sur un pied d’égalité apparent.

En d’autres termes, il semble impossible de représenter la bisexualité en se contentant de montrer des gens appariés d’une manière qui rendrait visible au premier coup d’œil la bisexualité des personnes représentées. Si on montre deux personnes du même sexe, les spectateurs croiront avoir affaire à un couple de personnes homosexuelles. Si on montre deux personnes de sexe différent, ils croiront avoir affaire à des hétérosexuels. Et si on montre trois personnes, on fera penser aussitôt à la pratique du triolisme, voire aux clichés associés à l’univers du porno et à la logique du placard dont parle Deschamps.

Inutile de vous arracher les cheveux en désespérant de voir un jour un couple bi « correctement représenté » : ce problème, autant le dire tout de suite, est un faux problème. Ou plutôt, c’est un problème beaucoup plus large. Reprenons la question : quand on voit des gens en couple, peut-on immédiatement en conclure quelque chose sur leur orientation sexuelle ? Réponse : non ! On peut seulement en déduire, au mieux, quelque chose sur leurs désirs et leurs sentiments du moment. Si deux personnes sont enlacées ou s’embrassent fougueusement (voire plus), on peut en conclure sans risque qu’elles se sentent très attirées l’une par l’autre. Si elles se tiennent la main ou la taille, on peut supposer qu’elles sont en couple, donc qu’elles ont probablement des sentiments l’une pour l’autre (quoique ce ne soit déjà plus si évident). Mais on ne peut pas du tout en conclure quoi que ce soit sur leur orientation sexuelle ou sentimentale.

Vous allez me dire : mettons, mais on le fait tout le temps. Bien sûr ! mais pas seulement pour les bisexuels. C’est une tendance générale à généraliser sur la sexualité et/ou la vie sentimentale d’une personne à partir de sa pratique du moment. Autrement dit, c’est une tendance à l’essentialisme en matière de sexualité et de sentiments, au détriment des pratiques et de l’évolution personnelle. C’est même littéralement le mal du siècle, et on y a déjà eu affaire sur ce blog. Généralement, il prend la forme d’un hétérocentrisme qui rend les gays invisibles : tout le monde est supposé hétéro par défaut. Pire : dès qu’on voit un homme et une femme ensemble, on a tendance à en faire un couple. Les hétéros eux-mêmes en sont souvent gênés. Qui ne s’est pas retrouvé à devoir préciser : « Mais non, c’est mon frère/ma sœur », voire (encore plus sympathique) « ma mère/mon père/mon fils/etc. » à un interlocuteur mal avisé ? Au sein de la communauté LGBT, on constate la tendance inverse qui est un certain homocentrisme : quand on arrive dans un bar ou au local d’une association, on est supposé par défaut gay ou lesbienne, pas bi.

Bref, il y a un problème, mais il n’est pas dans les couples bi : il est dans les têtes des spectateurs. Quand on voit deux hommes ensemble, on ne devrait pas en conclure qu’il s’agit de deux homosexuels, et, techniquement, un logo ou une photo montrant deux hommes ensemble ne dit rien sur leur sexualité, en dehors du fait qu’à l’instant T représenté par l’image, chacun des deux n’a rien contre quelques galipettes avec un autre homme. Il peut certes s’agir de deux homosexuels, mais aussi d’un gay et d’un bi, ou de deux bi, ou de deux hétérosexuels occupés à découvrir quelque chose… et je n’aborde même pas la question des multiples manières dont ils peuvent chacun concevoir leur sexualité, ou même leur identité de genre : les possibilités sont innombrables, le monde est compliqué (c’est-à-dire foisonnant et passionnant). Donc, au lieu de se lamenter sur le fait qu’avec les clichés existants on n’arrive pas à représenter un couple de bi, mieux vaut cerner le vrai problème dont la question des images de couples bi n’est qu’un symptôme parmi d’autres : un problème de représentations contre lequel il faut lutter. Un couple d’hommes n’est pas forcément un couple de gays. Un couple de femmes n’est pas forcément un couple de lesbiennes. Un couple du même sexe n’est pas forcément un couple homosexuel (c’est l’une des raisons pour lesquelles l’expression « mariage gay » est fausse et nuisible aux LGBT, et devrait être abandonnée au, surtout par les médias qui se prétendent LGBT).

Autrement dit, arrêtons de généraliser sur la sexualité des gens à partir de la situation où nous les voyons à un instant T.

Tout cela déplace le problème, mais ne le résout pas, me direz-vous : en attendant, les gens ont quand même ça dans la tête, et ça ne va pas être simple de le leur ôter. Eh bien, justement ! S’il y a de la communication à faire, c’est d’abord là-dessus. Et pour le coup, c’est un thème commun sur lequel les bi et les homos peuvent se retrouver. Ce serait l’occasion de lutter contre ce mythe nocif qu’est le « gaydar », encore trop toléré au sein de la communauté LGBT elle-même. Non, il n’y a pas de « physique gay » (pas plus qu’il n’y a un « nez juif », une « apparence musulmane » ou une « bosse des maths »). Ce qu’il y a, ce sont des codes sociaux, et bien sûr dans ce cadre il y a des codes vestimentaires, des coupes de cheveux etc. qui sont typiques de la communauté gay ; mais il n’y a aucun moyen infaillible d’identifier un gay. Là encore, les hétéros aussi en souffrent : toute personne peut être agressée par des homophobes au motif qu’elle est coupable d’avoir l’air homosexuelle, même si elle ne l’est pas. Bref, il faudrait plus d’images cherchant à démonter ce genre de clichés : les bi en bénéficieraient… et tous les autres aussi.

On pourrait par exemple penser à quelque chose du genre ça :

avec écrit autour « Ce ne sont pas (forcément) deux homosexuels. Ce sont deux personnes qui s’embrassent. Si vous voulez connaître leur identité sexuelle, posez-leur plutôt la question… ou alors laissez-les vivre sans les ranger trop vite dans des cases. » Notez que, comme ces silhouettes sont assez asexuées, on pourrait faire une autre version avec le même message mais « hétérosexuels » à la place de « homosexuels ». Bon, il faudrait travailler là-dessus et surtout mieux dessiner les bonshommes, mais ce serait faisable (ça a peut-être même déjà été fait quelque part, d’ailleurs).

Pour en revenir maintenant à la façon dont on peut représenter un ou des bisexuels en couple, il n’y a donc pas d’autre moyen que de recourir à un langage explicitement symbolique :

– soit en photographiant des gens arborant des symboles bi (un T-shirt avec le drapeau bi, par exemple) pour symboliser leur identité sexuelle-sentimentale. C’est un symbole, car un hétéro ou un homo peuvent très bien avoir envie d’arborer des symboles bi par soutien (par exemple à leur petit-e ami-e bi).

– soit en utilisant directement des symboles ou des couleurs bi non anthropomorphes (on va voir comment).

Bref, l’orientation sexuelle-sentimentale d’une personne ne peut pas être écrite sur son corps, pas dans le monde réel en tout cas. Il n’y a pas de physique homo ou bi, il n’y a pas d’essence homo ou bi, il y a seulement d’un côté des pratiques (impossibles à figer sur une image prise à un instant T, puisqu’elles sont indissociables de la chronologie de la vie d’une personne, de son évolution) et de l’autre des revendications identitaires (qui, elles peuvent être représentées sur des images). Donc on ne peut pas représenter uniquement des corps, il faut leur ajouter des symboles qui montrent les identités que ces personnes revendiquent. Ça n’est quand même pas si compliqué !

Et là, vous les voyez, les bi ? (National Equality March, Washington, États-Unis, 2009. Source : Wikimedia Commons.)

Bricolons des symboles

Et donc, en dehors des photos et autres images de couples, comment représenter visuellement la bisexualité en symboles ? Il y a plusieurs moyens qu’on peut utiliser seuls ou (plus souvent) combiner pour fabriquer une imagerie symbolique bi.

Il y a d’abord les couleurs.

– Celles du drapeau bi, d’abord : rose, violet et bleu. On peut les employer sur pas mal d’autres supports : badges, pin’s, médaillons, T-shirts, habillages graphiques pour des brochures, des sites web, etc. Voyez par exemple le logo du American Institute of Bisexuality sur son site, ou celui du magazine britannique Bi Community News.

– Plus généralement et plus simplement, la couleur violette (qui figure au centre du drapeau bi) tend à être pas mal utilisée par les sites bi, en complément aux trois couleurs du drapeau. Le site de Bi’cause, dans son habillage actuel, a un fond mauve-violet. Le site de France Bisexualité Info emploie une police violette sur un fond rose pâle. Le site Bisexualite.info emploie un fond violet sombre.

– Et si on n’aime pas le violet ? Non, non, ne râlez pas contre les gens qui n’aiment pas le violet, tout le monde doit pouvoir être représenté après tout… Eh bien, en dehors des couleurs particulières choisies par Michael Page pour le drapeau, il y a une logique chromatique globale qui lui a permis d’élaborer ce symbole. Le drapeau bi insiste sur le fait que la bisexualité est un mélange et un intermédiaire entre les deux monosexualités (attirances pour un seul sexe) que sont l’hétérosexualité et l’homosexualité. Parmi les trois bandes horizontales, celle du haut, la rose, représente l’homosexualité, tandis que celle du bas, la bleue, figure l’hétérosexualité. La bande mauve, située au milieu, au point de rencontre des deux, est la bisexualité, représentée par le violet, qui est un « mélange » de rose (de rouge, en fait) et de bleu. Même s’il est plus visible et plus simple de reprendre les couleurs les plus utilisées par les communautés bi, rien n’empêche d’en utiliser d’autres pour faire la même démonstration symbolique : le jaune et le bleu donnant du vert, par exemple.

Exemple d’une autre représentation chromatique de la bisexualité : le vert, point de rencontre entre le jaune et le bleu. Avantage : ça épargne le cliché sur les homosexuels roses. Inconvénient : c’est moins immédiatement reconnaissable que les couleurs les plus utilisées de fait.

Ensuite, il y a les formes, qui permettent d’exprimer d’autres caractéristiques de la bisexualité. Outre son caractère d’hybride et d’intermédiaire entre homo- et hétérosexualité, la bisexualité se distingue de ces deux autres sexualités par le fait qu’elle est une attirance double, pour les deux sexes (elle s’oppose en cela aux monosexualités). Ce caractère double peut donner lieu à toutes sortes de symboles et de représentations. Je ne me suis pas privé de le faire sur ce blog, rien que par son nom : le biplan, qui désigne un type d’avion possédant deux paires d’ailes (tout simplement parce que quand je me suis découvert une attirance pour le même sexe après m’être longtemps identifié comme hétéro, j’ai eu l’impression de sentir s’ouvrir une deuxième paire d’ailes, dont j’ai besoin pour voler depuis autant que de la première). Même chose pour l’image de la chouette guitare double de Jimmy Page que j’avais utilisée sur ce billet il y a quelque temps. C’est le moyen de montrer concrètement l’attirance double que l’on ressent et le fait qu’on en a besoin pour exister, qu’on s’en sert pour se définir et se construire une identité.

Naturellement on peut combiner plusieurs éléments, par exemple en dessinant un biplan aux couleurs du drapeau bi :

Voilà, il est chouette, non ?

Enfin, parmi les formes possibles, il y a les symboles conventionnels de genres. Voyez une page qui les regroupe sur la Wikipédia anglophone (avec les codes Unicode pour les taper à l’ordinateur). Vous savez, ce genre de choses :

♂ ♀ ⚥ ⚧

De gauche à droite : mâle, femelle, transgenre, un autre symbole pouvant désigner les intersexués ou les transgenres, et enfin un symbole combinant les trois.

Ces symboles peuvent permettre de représenter visuellement la bisexualité, mais ils nous font souvent retomber dans la même ambiguïté que pour les représentations de couples et de trios, avec un risque supplémentaire de confusion en ce qui concerne les symboles fusionnant plusieurs genres. Ainsi, j’ai parfois vu ce symbole :

employé pour symboliser la bisexualité. Le problème, c’est que de telles fusions entre plusieurs symboles de genres peuvent être utilisées soit pour représenter une identité transgenre ou intersexuée (dont une identité de genre trans), soit pour signifier un désir pour plusieurs genres (une orientation sexuelle non monosexuelle, donc bisexuelle ou pansexuelle). Du coup, le sens de ce symbole varie, ce qui ne le rend pas fiable : je ne conseille donc pas de l’utiliser tout seul.

Pour résoudre le problème, il suffit de n’employer ces symboles que combinés avec des couleurs et/ou des formes qui rendent le sens général plus clair. Voici un exemple avec un dessin représentant le désir d’un homme bi :

Ça ne résout pas toute ambiguïté, mais ça peut être une idée.

Et enfin un autre essai avec un symbole fusionnant tous les symboles de genre et employant les couleurs du drapeau bi, parce que j’ai toujours été favorable à une définition large de la bisexualité proche de la pansexualité :

Voilà, je m’arrête là pour cet « atelier dessin ». Ce n’est qu’un aperçu des problèmes de l’imagerie militante bi et des moyens qu’on peut mettre en œuvre pour l’alimenter et l’enrichir, mais si cela vous donne des idées et nous permet de résoudre les problèmes dont parlait Catherie Deschamps en 2002, c’est que ce billet aura rempli son rôle !

13 réflexions sur « "Dessine-moi un bi" : mettre la bisexualité en images »

  1. Evite stp les mots en gras, on a l’impression d’être des débiles à qui il faut montrer les mots importants du texte, c’est très désagréable.
    Par ailleurs, le gaydar à mon avis ne tient pas de ce que tu appelles « physique gay » mais plutôt d’une intuition qu’on aurait quand on voit quelqu’un, après libre à chacun d’utiliser son gaydar en en connaissant les risques (qui en fait sont moindres).
    Autrement, un article intéressant et moi j’aime beaucoup le drapeau bi en violet, bleu et rose.

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    1. @jjj : Ah, je comprends que l’emploi du gras puisse donner cette impression, mais, je te rassure, ce n’est pas le principe ! Je me sers du gras pour varier un peu la mise en page et éviter les gros blocs de texte monotones (même si j’essaie aussi de faire des paragraphes pas trop longs). Et puis, ça permet aux lecteurs pressés de survoler le texte plus rapidement… Enfin, je note de ne pas en abuser.

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  2. pas vraiment d’accord sur un point… un couple de personnes de même sexe n’est pas forcement un couple *d’homosexuels* mais il s’agit bien, par définition, un couple *homosexuel*.
    de même, parler de mariage gay n’est effectivement pas approprié parce que « gay » décrit une orientation, voire une identité, mais si on parle de mariage homo, le problème n’est pas qu’il excluerait les bis mais que, selon le contexte, on pourrait penser à un contrat différent spécialement pour les personnes de même sexe.

    pour les symboles, pourquoi ne pas utiliser les trucs genre

    ou

    ça me semble relativement clair et ne prête pas à confusion avec l’identité de genre.
    ou sinon y’a toujours les licornes 😀

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  3. Ou alors, on pourrait abolir le concept d’orientation sexuelle, dont toute l’absurdité est remarquablement bien présentée dans cet article. C’est une case qui n’a pas lieu d’être car énormément de gens ne rentrent pas dedans, ce qui oblige à la multiplication de « labels » à coller sur le front comme le montre l’incroyable « LGBTIQQA+++ ». Et puis quoi encore ? Va-t-on créer un label pour mon amie « parfaitement hétéro mais qui un jour a embrassé une copine lors d’une fête et a aimé ça sans avoir particulièrement l’envie de recommencer » ?

    De plus, l’orientation sexuelle contient le mot « sexuel », ce qui n’aide pas le citoyen moyen à concevoir que ce n’est pas que du cul mais aussi des sentiments aussi forts et profonds que ceux se réclamant hétéros. Nos goûts/attirances/pratiques/etc évoluent tout au long de notre vie, nous naissons sans orientation sexuelle, pourquoi devrions-nous en adopter une plus tard ? Surtout si c’est pour la faire changer au gré de nos évolutions… D’autant plus qu’étant une identité, c’est un « être », un « je suis » qui tend à rentre notre identité unidimensionnelle alors que ce n’est qu’une facette parmi les milliers d’autres qui nous composent. Comment peut-on résumer un être humain aussi facilement ?

    Je n’ai pas d’orientation sexuelle, je ne suis ni homo, ni hétéro, ni bi ni rien, je suis moi, j’ai comme tout le monde des amours et des attirances, et je me porte à merveille ainsi. Comme l’auteur le décrit fort bien, mes sentiments/ma sexualité à un instant T ne décrivent que ce que je ressens pour la personne qui est avec moi à un instant T. C’est aussi simple que ça.

    D’autant plus que la case de l’orientation sexuelle ne fait que créer de l’enfermement identitaire, renforcé par cette recherche de symboles détaillée dans l’article (« c’est mon symbole, pas le tien ! » -> enfermement, exclusion), de communautés qui font autant de mal que de bien et, encore une fois comme le précise fort bien l’auteur, font preuve d’autant d’essentialisme que le reste du monde. Mes amis « hétéros » n’ont jamais eu de problème avec mon absence d’orientation (au pire trouvent ça un peu bizarre), alors que si dans n’importe quel bar LGBTetc je dis que je ne suis rien, je suis incomprise, bombardée de questions jusqu’à ce qu’on me rentre de force dans une case contre ma volonté (et après on se plaint de la stigmatisation des hétéros, peut mieux faire…), voire même moquée !

    Bref, ce ne sont que des barrières supplémentaires qui ne font que nous séparer des uns des autres par les clichés, le communautarisme et j’en passe. D’ailleur

    Laissons tomber tout ce bordel, nous n’avons pas besoin d’un label sur le front pour aimer ou pour être heureux. Et ça résoudrait le problème des bis en même temps que pas mal d’autres.

    Voilà, ça c’est dit 🙂

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  4. @laurentv : Techniquement, l’adjectif « homosexuel » n’a jamais voulu dire « de même sexe » (même pas étymologiquement). On l’emploie abusivement dans ce sens, mais je lutte contre, parce que ça crée justement une confusion entre « de même sexe » et l’orientation sexuelle « homosexuel ».
    Pour l’expression « mariage gay », elle pose bien les deux problèmes selon moi, mais je suis d’accord avec toi sur le fait que le problème principal reste que cela fait imaginer aux gens un contrat ou un statut particulier, ce qui est faux (heureusement).

    @Lo’ : C’est un point de vue très intéressant et que je comprends tout à fait. Je suis d’accord avec toi sur deux choses : d’abord le fait que les vies sexuelles et sentimentales des individus sont trop complexes pour qu’on puisse tout exprimer par telle ou telle étiquette, et ensuite le fait qu’il y a une tendance à la multiplication des étiquettes qui finit par en faire un peu trop.

    En revanche, je pense qu’au départ, ces étiquettes ne sont pas toutes artificielles ou inutiles, loin de là. Le sigle LGBT+++ a l’air ridicule parce qu’il essaie de citer tout le monde pour ne fâcher personne, mais on peut tout aussi bien parler des « minorités d’identités de genres et d’orientations sexuelles ». Et tout dans ce sigle ne correspond pas à une volonté de multiplier les orientations sexuelles : les cas des transgenres et des intersexués, par exemple, n’ont rien à voir et réclament vraiment une prise en compte spécifique, c’est vital pour eux.

    Pour ce qui est des orientations sexuelles, tu parles sans doute des labels du type « flexisexuel » etc. Ça me laisse sceptique moi aussi, mais l’essentiel est que ça ne nuise pas au combat des LGBT pour les droits humains auprès du grand public et que ça n’entretienne pas les clichés. Si ce ne sont que des labels artificiels, personne ne se reconnaîtra dedans et ne voudra les porter, et la mode passera d’elle-même ; si ces étiquettes ont une utilité, elles resteront.

    Vouloir que les catégories d’orientations sexuelles s’effacent, ou au moins s’estompent, c’est un bon objectif de moyen terme. Mais à court terme, il faut vraiment partir de la situation telle qu’elle est actuellement, et actuellement le grand public pense encore massivement en termes de binarité hétéro/homo. L’essentiel est donc de briser cette binarité.
    Si j’ai entrepris un engagement militant en faveur de la visiBIlité, ce n’est pas que je pense que l’étiquette « bi » peut résoudre tous les problèmes, mais c’est un engagement politique (ou socio-politique, si on veut) : je pense qu’il est bon d’informer les gens que les bi existent, que c’est possible d’aimer les deux sexes (ou plus d’un sexe), que ce n’est pas du libertinage ou une phase ou quoi que ce soit du genre. Après, bisexuel ou pansexuel, je n’ai pas envie de m’amuser à multiplier les divisions : l’essentiel est de faire avancer les choses. (D’ailleurs il faudrait que j’écrive un billet pour réfléchir sur la différence entre bi et pan… quand j’aurai le temps, argh -_-)

    Et merci pour les symboles, effectivement je n’avais pas pensé à parler de ceux-là (ils sont jolis en plus).
    Et les licornes ! Comment ai-je pu les oublier ! Ce sera pour la prochaine fois, juré !

    @mands: Merci, je ne connaissais pas du tout ce symbole-là ! J’engrange, je me renseignerai et j’en parlerai à l’occasion.

    @FBI: Ben de rien, vous êtes une des associations bi, il n’y a pas de raison que je ne les cite pas toutes (elles ne sont pas encore à ce point innombrables) 🙂

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  5. Super article comme d’habitude, qui nous pousse à réfléchir un peu.
    Pour répondre à certains commentaires, les mots en gras ne me gênent pas, ils permettent de varier un peu le texte, le rendre moins monotone.
    En ce qui concerne le gaydar, comme toujours, j’en joue beaucoup, ça fait un peu partie de notre « culture LGBT », mais clairement je pense qu’il ne faut pas que ça devienne quelque chose de sérieux. Un peu comme les cases fem-butch-bear-etc.
    Sinon effectivement le drapeau bi et les couleurs sont les symboles qui reviennent le plus souvent.
    Par contre les symbole de genre utilisés par les trans et intersexués, ou les autres couleurs, ça manque de références communes. Je pense que ça parle pas assez, ou mal.
    Les symboles que montrent @laurentv sont très parlants. Par contre je ne suis pas d’accord avec lui a propos de l’expression couple « gay ». Un couple n’a pas d’orientation sexuelle. Et on a l’impression qu’un couple gay serait différent d’un couple hétéro…
    Le symbole de @mands est original, ça change et c’est assez parlant aussi (même si l’échelle Kinsey gagnerait à être plus connue).

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  6. @sylvius
    historiquement, l’adjectif « homosexuel » a désigné une pulsion et une pratique non exclusives avant de décrire une orientation stricte qui exclurait les bis. ce serait plutôt ce dernier usage, le néologisme.

    et on parle encore aujourd’hui de relations ou de rapports homosexuels (même lorsqu’un ou plusieurs participants sont bi), on crée des dérivés du mot comme « homoparental » (alors qu’on ne parle pas de « biparentalité » dans ce sens)…
    cet emploi d »homosexuel » pour décrire un couple de même sexe n’a rien d’abusif (mais n’équivaut pas non plus à « de même sexe » dans n’importe quel contexte puisqu’il implique généralement un lien sexuel).

    après, je vois tout à fait l’intérêt de la distinction pour décrire une personne ou une identité.

    @red tu devrais relire ce que j’ai écrit sur l’emploi de « gay ».

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  7. @sylvius
    C’est en lisant ton article que l’idée m’est venue (mais ça existait sans doute déjà)
    Pour moi qui suis fan de sociologie (ça arrive aux meilleurs 🙂 ), l’échelle de Kinsey reste une référence même si elle est remise en cause régulièrement.
    Le 3 représente les personnes bisexuelles.
    Pour ma part, je suis un « homme marié », « niveau d’éducation 13 », « agé de 40 à 45 ans » et « 3 » comme 1,5% des personnes interrogées par Alfred.
    Je vous recommande chaudement la lecture de cette étude : http://books.google.be/books/about/Sexual_Behavior_in_the_Human_Male.html?id=pfMKrY3VvigC&redir_esc=y

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