Dans un billet du 17 mai, à l’occasion de la publication du Rapport sur l’homophobie 2012 de SOS Homophobie, j’avais passé à la loupe l’ensemble des Rapports sur l’homophobie pour voir ce qu’ils disaient sur les bisexuel-le-s et la biphobie. J’en concluais que l’intégration des bi en tant que groupe à part entière dans ces rapports restait trop aléatoire, que les bi n’avaient pas encore la visibilité à laquelle ils ont droit et dont ils ont besoin, et que la biphobie n’était pas encore prise en compte en tant que forme de discrimination spécifique, malgré la volonté manifeste d’inclure les bi et la biphobie dans les formules globales regroupant les minorités qui se cachent dans l’acronyme « LGBT ».
Ce billet semble avoir été très lu : merci beaucoup à toutes les personnes qui l’ont lu et ont pris le temps de le commenter ! La discussion qui en est sortie était au moins aussi intéressante que le billet lui-même. Sans vraiment ajouter moi-même grand-chose à mon propos de départ, je voudrais simplement clarifier ma démarche pour éviter tout malentendu, et ensuite poster ici certains commentaires postés par des membres de SOS Homophobie et de Bi’cause afin de leur donner plus de visibilité, parce que je pense qu’ils peuvent intéresser du monde.
Le Biplan : il n’y a pas de troll dans l’avion
Petit éclaircissement sur ma démarche, d’abord. Même si j’espère que le contenu du billet ne prêtait pas à confusion là-dessus, je tiens à redire que mon intention n’était pas de faire passer SOS Homophobie pour un infâme repaire de sales biphobes, ni de remettre en cause leurs compétences.
D’une part parce que ce n’était pas l’impression que j’avais sur le travail de cette association, que je suis depuis un bon moment par Internet et par rapports sur l’homophobie interposés, et qui abat une masse de travail impressionnante (d’ailleurs je le disais dans le billet).
D’autre part parce que je me suis rendu compte assez vite que l’auto-victimisation et le complexe obisidional galopant sont le Charybde et la Scylla entre lesquels toute personne qui entreprend de militer pour une cause très personnelle doit s’entraîner à naviguer afin de ne pas céder aux sirènes de la facilité et d’abandonner toute rigueur intellectuelle. J’étais d’autant plus prudent que je ne connaissais pas les conditions précises dans lesquelles sont rédigés les rapports, et que je me doutais que la partie « synthèse de témoignages » du travail devait influencer le résultat final (et, oui, je me doutais bien qu’il ne devait pas y avoir encore beaucoup de bi déclaré-e-s pour envoyer des témoignages). Tout cela me conduisait à prendre toutes sortes de précautions dans la présentation de mon analyse.
J’avoue avoir un peu hésité à publier le billet fini une fois que j’ai eu balayé tous les documents et tiré les conclusions qui allaient avec. Le rapport 2012 vient juste d’être publié, il a demandé un travail énorme à l’association et il rend, comme chaque année, un énorme service aux minorités LGBT. En mettant en évidence une lacune, j’aurais l’air de jeter un pavé dans la mare, voire de cracher dans la soupe. De plus, il y a peu de choses plus rageantes, quand on vient de terminer un gros travail, de voir débarquer un inconnu qui pointe le doigt vers un coin du bidule et s’exclame : « Hé ! Il manque ça ! Franchement vous faites pas d’efforts ! » Je comprends donc tout à fait que mon article ait pu être soupçonné de simple billet d’humeur déguisé en analyse. Il n’en était pas un, et j’espère que la lecture complète de l’article le montrait suffisamment. Mais au cas où, autant clarifier définitivement la façon dont je le concevais : il ne s’agissait pas de râler pour le plaisir de râler, mais d’apporter ma pierre en essayant, pour chaque manque que je repérais, de donner des pistes sur la façon dont on pourrait améliorer les choses.
Je le faisais avec d’autant plus de confiance que j’étais en contact depuis quelques mois avec l’équipe de l’association Bi’cause, qui m’avait parlé d’un projet de partenariat entre Bi’cause et SOS Homophobie pour la rédaction du prochain rapport (ce qui me fait applaudir des quatre mains et des trois oreilles, évidemment !). Si mon article peut apporter sa petite contribution à ce travail commun, je serai un bi heureux.
Une dernière chose : plusieurs membres de SOS Homophobie m’ont répondu à très juste titre : « Venez donc nous aider ! » En fait, c’est justement ce que j’essayais de faire (c’est aussi pour ça que je leur ai envoyé le lien vers l’article tout de suite : le but n’était pas de critiquer les gens dans leur dos). Mais pour ce qui est de mon activité personnelle, j’ai un mini coming out de militant à faire ici : au moment où j’ai publié le billet, je venais d’adhérer à Bi’cause. Même que ça n’était pas trop tôt. Donc, oui, pour ceux qui ne connaissaient pas encore ce blog : ce blog a un aspect militant, il se veut entre autres un outil de réflexion militante, pour faire avancer les droits des bi et leur visibilité générale et pour contribuer à l’émergence d’une communauté bi. Il se trouve que pour le moment, ma Vie Autre (cette hydre passionnante et chronophage en diable) fait que ce blog est à peu près la seule façon dont je puisse donner mon coup de main en tant que militant (débutant, en plus). C’est limité, et c’est autre chose qu’être présent « sur le terrain » (quoique Internet soit aussi un terrain), mais j’espère que ça aidera quand même un peu ! Peut-être pourrai-je m’investir davantage par la suite, mais, pour le moment, je préfère faire ce que je sais que je peux arriver à faire bien, plutôt que de me disperser trop ou de faire plein de promesses sans avoir la moindre idée de ma capacité à les tenir.
Donc, si vous vous intéressez à la cause bi, lisez le Biplan, commentez le Biplan, n’hésitez pas à m’envoyer des infos, des liens et des annonces d’événements en rapport avec la bisexualité et les enquêtes sur les LGBTphobies pour que je les diffuse, et je le ferai avec plaisir ! Et dites aussi merci à la rédaction de Yagg qui relaie régulièrement les billets de blogs de bi (au pluriel : il y a Prose qui était là bien avant moi) en page d’accueil et affiche une vraie volonté de donner plus de visibilité aux « minorités dans la minorité » comme les bi et les trans.
Quelques précisions par des membres de SOS Homophobie et de Bi’cause
Je voudrais aussi mettre ici quelques (pas tous – aïe aïe aïe j’espère qu’on ne va pas me taper sur les doigts : l’ensemble des commentaire sont là sous le premier billet, hein !) messages laissés en commentaires par des gens de ces deux associations. Il y a des précisions sur la façon dont les rapports sont réalisés et sur les travaux en cours, et aussi des appels à bonnes volontés… parce que oui, sous leurs airs très pro ce sont de petites structures, qui ont toujours besoin de gens et d’argent, et de coups de main… et de témoignages !
Premier commentaire de gejir :
Je comprends très bien ce sentiment de frustration de se sentir oublié, ignoré.
Cependant, il faut savoir que le rapport est écrit à partir de témoignages de victimes d’homophobie, biphobie et transphobie. Malheureusement (est-ce le bon terme), le nombre de personnes se désignant comme bi, ou se disant victime de biphobie est extrêmement faible. Il est donc difficile de pouvoir consacrer un chapitre dirons-nous sur l’aversion envers les bi.
Il faut savoir également que SOS homophobie a lancé un groupe de travail avec une autre assoce, il me semble, sur la bisexualité il y a quelque mois. Je t’engage donc peut-être à te rapprocher de l’association si tu souhaites t’impliquer dans la visibilité beaucoup plus accrue de la biphobie. Je pense que tu pourrais y apporter beaucoup de choses.
D’ailleurs, chaque année SOS homophobie cherche des rédacteurs pour son rapport, je pense que cela pourrait aussi t’intéresser de participer à l’association en tant que rédacteur, notamment sur cette question.
Love, Love, Love.
Comme gejir le suppose dans un de ses commentaires suivants, je pense qu’on peut essayer de s’adresser plus spécifiquement à la population bi. Mais c’est terriblement compliqué de bien le faire (les gens de Bi’cause en parlent dans les commentaires ci-dessous).
Commentaire de Fred, que je transmets parce que l’appel à témoignages qu’il m’adresse vaut aussi pour tout le monde (et notamment les bi qui lisent ce blog !) :
Je suis militant au sein de SOS depuis de nombreuses années (plus de 6 ans) et je trouve cette article intéressant, et relativement constructif. De même que les commentaires.
Je réagis à titre perso (et non associatif)
Comme l’a indiqué « Rédacteur », la meilleur façon de nous faire évoluer c’est d’intégrer l’association L’association est vraiment très ouverte à la discussion, et pour l’avoir vécu, il est vraiment possible de faire évoluer les choses. En fait on attend même que ça !
Je précise que l’association est aujourd’hui quasiment uniquement bénévole. Nous sommes une moyenne structure, et nous avons besoin de bras et de talents.
J’ai bien conscience que tous le monde n’a pas le temps de devenir bénévole. Il existe beaucoup d’autres moyen de nous aider. Le premier étant de parler de nous et surtout d’inviter les bi (mais aussi tous les autres à témoigner.
Le formulaire de témoignage en ligne est ici : http://www.sos-homophobie.org/temoigner
Sylvius je t’invite vraiment à témoigner. A chaque fois que tu trouves un exemple, n’hésite pas à le signaler ! N’hésite pas non plus à relayer l’information. Notre formulaire de témoignage en ligne existe, la ligne aussi ( 0810 108 135 )
Si tu n’as pas le temps de nous rejoindre je n’aurais qu’un message : parle du formulaire de témoignage de SOS et utilise le ! En tant que blogueur tu as largement les moyens de relayer cette info Fais le pour nous, pour Bi’Cause : c’est le meilleur moyen de faire évoluer les choses.
Fred
Commentaires de nevermind, autre membre de SOS Homophobie, qui donne des précisions sur le fonctionnement de SOS Homophobie :
Salut,
félicitations pour ton article qui est une critique très construite et constructive, perso en tant que militant de SOS homophobie (mais je n’appartiens pas à la commission Rapport annuel), j’essaie de faire attention à toujours parler de la biphobie dans les interventions en milieu scolaire, et j’insiste toujours, avec d’autres pour qu’elle soit nommée dans la com de l’association. Ensuite, je vais certainement répéter ce qu’ont déjà dit les autres, mais le travail d’une association repose toujours en fin de compte sur l’implication des gens ; et, même si tu as l’impression de ne pas avoir le temps ou de ne pas être qualifié, tes articles montrent de manière évidente tout l’intérêt de ce que tu pourrais apporter.
SOS homophobie compte à présent une fille au bureau chargée spécifiquement d’intégrer plus étroitement la biphobie, la transphobie et la lesbophobie au sein du travail et de la com de l’association ; par ailleurs je souhaite que le rapprochement entre Bi’cause et SOS se poursuive !
Le problème, c’est que j’ai l’impression que beaucoup de gens ont l’air de considérer que SOS homophobie est une énorme association, voire une sorte d’institution para-étatique, alors qu’en fait, nous sommes une petite structure, comme l’immense majorité des associations soit dit en passant…Une petite structure qui repose qui plus est quasi totalement sur le travail de bénévoles, c’est-à-dire de personnes non rémunérées et sans horaires fixes. Par ailleurs le rapport, on le répète souvent, est imparfait, puisqu’il repose avant tout sur des témoignages : or nous savons tous que peu de personnes, en définitive, témoignent…
Et une réaction détaillée de Nelly, présidente de Bi’cause, qui donne pas mal de précisions utiles sur son expérience de militante bisexuelle, sur Bi’cause et sur la façon dont on peut faire bouger les choses :
Hello tous
merci à Silvius pour ce gros travail d’analyse que je signalerai à la personne d’SOS Homophobie qui a décidé de s’emparer spécifiquement de la question bi…. car ça y est, depuis peu, il y a quelqu’un impliqué sur ce chantier, ce qui va changer les choses.
Il y a un constat surprenant. Au sein des associations LGBT qui se sont donné pour mission de défendre les droits des L et des G, et des B, et des T, on a pu se rendre compte avec étonnement qu’il y a des bi, mais… qu’ils ne s’occupent pas particulièrement de la question bi. C’était le cas à SOS par exemple, il y avait bien des bis mais aucun semble-t-il n’avait eu jusqu’ici l’envie ? le cran ? autre hypothèse explicative ? (mais peut importe, c’est ainsi) de consacrer sa connaissance intime ou sa fraternité de bi à une étude spécifique consacrée à la question bi et à la façon dont les bis sont traités.
Non, dans les assoces le plus souvent les bis s’oublient au bénéfice d’une cause générale, qui prend souvent l’intitulé d’ »homo quelque chose ».
Alors, aujourd’hui, à SOS c’est une femme, qui n’est « même » pas bi (et qui semble seule pour l’instant) qui a décidé de prendre en main la question bi. C’est quand même, je n’ose pas dire « un comble » mais, disons, surprenant. C’est aussi plutôt sympathique, néanmoins je trouve un peu logique à priori que des non bis ne s’investissent naturellement et spontanément dans la défense des bis, alors que les bis eux-mêmes ne le font pas…
Lorsque que nous avons souhaité ce rapprochement avec SOS homophobie lors de la Journée Internationale de la Bisexualité (JIB) 2011, nous avons aussi incité les bis militants à s’impliquer dans des associations comme SOS Homophobie pour y porter la défense des bi. Visiblement cela n’a pas eu d’écho.Ensuite, d’après SOS homophobie lors de notre échange le 23 septembre à la JIB, les bis qui appellent n’osent pas forcément dire qu’ils sont bis (angoisse de biphobie y compris au sein de cet espace d’accueil ?). Alors certes, le protocole de questions n’est peut-être pas bien adapté aux bis (enfin, ça se module), mais il faut bien avouer que notre propre appel à témoignages pour établir une étude statistique sur les bis et la biphobie, ici à Bi’Cause, n’a pas eu non plus de retours…
Bref, sans vouloir non plus être accusatrice de quoi ou qui que ce soit, il serait souhaitable, si les bis veulent que les choses bougent pour les bis, hé bien que les bis osent ou fassent l’effort de s’impliquer davantage.
Il n’y a aucune raison que ça se fasse tout seul et il faut d’abord compter sur soi avant d’attendre quoi que ce soit des autres.Notre expérience à Bi’Cause, c’est que si on ose agir dans le monde LGBT, et bien on parvient à faire évoluer les choses. Au conseil de mars 2012 de l’Inter-LGBT Ile de France, quand Bi’Cause a demandé à ce que la « biphobie » soit rajoutée dans le corpus revendicatif au chapitre intitulé « lutte contre l’homophobie, la lesbophobie, la transphobie », cette demande a été validée sans problème à l’unanimité.
Ni les autres associations, ni les structures de l’Inter, ne font obstruction à l’identité bisexuelle. Simplement, comme pour les lesbiennes à un certain moment, comme pour les trans, il faut que les bis fassent connaître qu’il existe une biphobie spécifique et un caractère spécifique de la bisexualité.Et on ne peut pas non plus reprocher aux non bis d’avoir du mal à appréhender la bisexualité, alors que la définition de la bisexualité n’est pas toujours évidente pour les bis non plus. C’est la raison pour laquelle Bi’Cause a élaboré sur des témoignages recueillis sur plusieurs années le Manifeste français des bisexuel(e)s.
Mais on arrive à approfondir encore et tendre à encore plus d’exactitude dans la définition synthétique en s’inspirant des études anglosaxonnes. Et chaque bi a un peu son idée là-dessus. Certaines définitions (par exemple : « la bisexualité c’est l’attirance pour plus d’un genre ou plus d’un sexe », ce qui paraît assez ouvert et synthétique comme définition) font dire à certains interlocuteur « ah c’est la pansexualité alors ». Parfois franchement on a l’impression que les neurones vont faire des noeuds.Mais j’ai une très bonne nouvelle : les choses changent et vont continuer à changer (dans le bon sens) si on le veut. Car même si des études récentes ont bien révélé que la réalité du « placard bi » sévit encore au sein des associations et musèle les bis qui ont intériorisé la culpabilité qu’on fait peser sur eux, il nous semble qu’un frisson de « révolte » commence à se sentir. Les bis des assoces généralistes LGBT commencent à prendre en compte davantage la défense des bis. C’est enthousiasmant et encourageant.
Et, pour ce qui est de la biphobie, quand je vous dis que ça bouge, un groupe s’est constitué non seulement avec SOS Homophobie mais aussi le MAG (et Bi’Cause, donc), et quelques personnes physiques. Deux réunions de travail ont déjà eu lieu. Notre ambition est d’aboutir à la fin de ce travail à un document du genre du rapport anglosaxon. C’est un gros chantier. Vous en aurez bientôt des nouvelles, puisque cela commencera par des questionnaires.Par ailleurs, la représentante d’SOS homophobie nous a confié des feuilles de recueil de témoignages d’SOS que nous pouvons faire remplir aux bis qui auraient été victimes de manifestations biphobes. C’était trop tard pour la publication 2012 mais c’est ouvert pour 2013. Venez à l’occasion des réunions de Bi’Cause laisser votre témoignage. Nous transmettrons ces feuilles à SOS pour nourrir le prochain rapport.
Voilà : il reste beaucoup de murs à déplacer, mais nous nous rendons compte à Bi’Cause que si on s’y colle, avec constance et détermination, les murs bougent et même plus facilement qu’on ne l’aurait cru.
Ce qui est utile, ce n’est pas de regarder vers le passé et de regretter ce qui n’existe pas, ou de s’étendre en reproches, ce qui est utile c’est de regarder vers l’avenir, sur la base de ce qui manque, pour le faire exister. L’énergie est à concentrer vers l’avant, et la solidarité aussi.
Et dans cette démarche, plus on sera à s’impliquer dans l’associatif et l’interassociatif, plus loin et plus vite on ira. Donc, si vous le pouvez, rejoignez Bi’Cause (nous avons besoin de militants actifs pour pousser nos actions), rejoignez SOS-H, rejoignez l’assoce LGBT de votre choix sur une thématique qui vous parle pour y défendre la cause bisexuelle.Bi’amicalement à tous, et de l’optimisme
Nelly, présidente d Bi’Cause
Et une seconde mise au point, qui lance notamment un appel aux bi et aux « bi-alliés » prêts à s’investir (même un peu) :
@ Red : je pense qu’il y a quand même eu du progrès dans l’acceptation des bis au sein de la communauté LGBT mais avec des variables : Paris-Province / associations-individus par exemple. Il serait intéressant d’analyser ces variables pour affiner les constats.
Pour quelques remarques à la louche, il me semble qu’à Paris on constate un moindre rejet des bi dans les structures LGBT qu’en Province.
De même, les associations mixtes (LGBT) de plus en plus prennent en compte la dimension « bi » dans leurs missions, par contre au sein de leurs adhérents, on rencontre encore des manifestations biphobes. Ces manifestations biphobes enracinent le phénomène du « placard bi », les bi qui n’osent pas faire savoir qu’ils sont bis car ils ont peur de la stigmatisation et ont même parfois intériorisé, sous forme de culpabilité de groupe, les remarques biphobes.
Et comme les bis n’osent pas non plus toujours encore taper à la porte de ces associations, même si celles-ci se veulent bi-friendly dans leurs structures, du coup tout ce qui entoure la bisexualité : sa nature, ses spécificités, ses difficultés propres… sont mal connues (d’où des remarques telles que celles de Phoebius)Mon sentiment de militante bi, c’est que la bisexualité, comme tout ce qui est étranger aux personnes qui appréhendent une réalité différente de la leur, provoque une certaine méfiance spontanée et n’éveille pas une fraternité naturelle chez les non bis. Cependant, il suffit de discuter, de partager des choses, des moments, des actions, des manifestations, des bières, d’être présents aux actions du monde LGBT, pour que cette défiance initiale disparaisse. Tout ça est finalement assez humain.
C’est ce que nous vivons à Bi’Cause au sein de l’Inter-LGBT, aux côtés des autres associations LGBT.
Je ne vais pas redire ce que j’ai déjà écrit dans mon précédent commentaire.
Les choses se passent bien et avancent petit à petit et petit à petit les autres apprennent à mieux nous connaître, à accepter certaines différences tout en trouvant la fraternité. Il faut « juste » (je sais, il y a une peur à dépasser) oser s’affirmer et puis montrer qui nous sommes vraiment (à savoir des personnes comme les autres, avec pas plus de défauts et pas plus de qualités, avec des modes de vie divers, au-delà de notre identité bi).Fred a raison : il faut oser s’investir en tant que bi.
Pour deux raisons :
D’abord si les LGT côtoient les bis en les trouvant sympa sans savoir qu’ils sont bis, ça n’aide pas à contrebalancer les mauvais fantasmes et clichés sur les bis. Les gens continueront de trouver untel ou untel (bi du placard) sympa, fiable, engagé, etc, tout en restant persuadés que les bis sont je ne sais pas, traîtres, inconstants, pas fiables, etc..
Et ensuite pour faire connaître activement la réalité de la bisexualité et lutter contre les clichés de façon militante.Et j’abonde dans le sens de ce que dit Fred : on ne peut pas déplorer une réalité si on ne fait rien pour la changer.
Il ne faut pas attendre que cela vienne des autres. La réalité associative c’est ça : une association n’est pas une entité, c’est un ensemble de personnes qui donnent du temps pour ce qu’ils croient juste et ce qui leur parle.
Si la défense de la bisexualité vous parle, venez apporter vos forces vives pour la défendre et construire des actions.Pour ce qui est des fiches de témoignage d’SOS-Homophobie, comme je le disais, nous en avons aussi (Léa nous en a données). Reste plus que les personnes viennent y déposer leur témoignage.
Et encore merci à Silvius pour ses relais
@ Silvius : il faut que je t’envoie quelques documents qui vont t’intéresser et nourrir ta réflexionbi’amicalement
Nelly Présidente de Bi’Cause
De fait, les gens de Bi’cause m’ont envoyé plein de documentation, ce qui m’a donné pas mal d’idées pour de futurs billets sur ce blog. À suivre, donc ! 🙂